Camille Allaire – professeur de français et de littérature

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  • Camille Allaire – professeur de français et de littérature
  • Édition: 2024 et 2026

Mon Parcours laurentien

Au collège Montmorency, nous l’appelons Parcours laurentien. Il est une initiative portée par mon collègue Pascal Chevrette. On le dit laurentien, car le fleuve Saint-Laurent et son sillage ont été notre salle de classe pendant 6 jours. De Laval au Parc du Bic (Rimouski), notre chauffeur nous a promenés sur les routes secondaires, celles qui nous rappellent que nous sommes parcourus de son échine, que le grand fleuve abreuve notre imaginaire autant que la chaîne commerciale dont nous dépendons. Grâce à plusieurs intervenant.e.s, nous en avons appris sur son histoire, sa géographie, et ses écosystèmes. Nous avons réfléchi à son avenir et au nôtre, aux enjeux politiques, environnementaux, économiques qu’il charrie. Nous avons rencontré des gens qui l’habitent, marché des villages qui le bordent et l’embrassent. Nous avons poétisé avec lui et les auteurs qu’il a inspirés.

Je pense qu’il n’y a ni enflure ni exagération à qualifier ce projet de fondateur. Il a la capacité de transformer radicalement le rapport des jeunes (et des moins jeunes) non seulement au fleuve Saint-Laurent, mais au Québec en entier. Cette jeunesse lavalloise, qui a une connaissance plutôt restreinte et théorique du territoire québécois, a pu aller à la rencontre d’une certaine ruralité, constater l’immensité du territoire qu’elle habite et entrevoir les possibilités et les différents modèles que la vie près du Saint-Laurent propose. J’aime croire que certain.es ont eu envie de frayer davantage avec lui, le Saint-Laurent, et ce de manière pérenne.

Nous savons que nos sociétés traversent une période déterminante à bien des égards, nous n’avons pas le luxe de nous conformer aux modèles de développement actuels; les défis sociaux, environnementaux, économiques qui sont les nôtres exigent de repenser notre rapport à ce qui nous entoure et nous fonde : le vivant, le passé, l’histoire. Le Québec est riche, nous sommes riches. Mais le savoir n’est pas tout; pour opérer une transformation quelle qu’elle soit, il faut l’affect, la complicité, l’attachement. C’est cela qui nous mobilisera. Comment, en effet, aimer ce qu’on ne connait pas? Naviguer le fleuve, le marcher, le goûter sont donc autant de façons de le protéger et de nous assurer que cette jeunesse veuille l’embrasser, le reconnaitre, le faire sien.

Pendant ce parcours, j’ai vu une jeunesse allumée, ouverte, bienveillante, drôle, sensible, à l’écoute. J’ai vu des dames âgées dont le vieillissement est murissement, sagesse, créativité, inspiration. J’ai vu des Inuit et des Qallunat dans l’échange de mots, de nourriture, de rires, d’ouverture. J’ai vu des profs heureux et heureuses de sortir de leur salle de classe, de vivre et de faire vivre leur passion à une relève prometteuse. Ce parcours laurentien m’a requinqué l’idéal, m’a confirmé que le fleuve nous rassemble et peut nous guider pour la suite du monde (Pierre Perrault), comme l’ont fait les bélugas venus nous saluer à Rivière-du-Loup.

Laval, 5 juin 2024

 

 

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