Avez-vous un souvenir ou une anecdote de votre expérience internationale que vous aimeriez nous raconter?
Il y en aurait tant à conter… Je me souviens de quand on s’occupait des bébés qui avaient à peine quelques jours de vie dans une pouponnière à Mbour, nous les portions sur notre dos pour leur apporter un peu de chaleur et de réconfort malgré l’abandon qu’ils avaient vécu. Je me souviens d’être confrontée à des façons de faire bien différentes des nôtres par rapport à notre travail et à notre vision de la vie, ça nous a forcés à nous remettre en question, ça a ébranlé certaines de nos convictions et ça nous a fait grandir. Je me souviens des gens rencontrés, des discussions, des apprentissages, des soirées à la belle étoile et de la notion de partage qui existe dans ces pays d’Afrique. Ce partage qu’on ne connait pas ici, qui n’est pas naturel comme là-bas. Je me souviens que je suis revenue ici avec une ouverture d’esprit, une ouverture du cœur et une ouverture à l’autre que je n’avais pas forcément avant.
Pouvez-vous nous partager un apprentissage acquis à la suite de votre séjour de mobilité?
Un des plus gros apprentissages que j’ai fait pendant mes voyages, c’est de réaliser et de comprendre réellement les différences qui existent entre les humains, entre les nations, entre les classes sociales, etc. J’ai compris, à un niveau qui dépasse grandement la théorie, comment on ne naît pas tous égaux, comment nous n’avons pas tous les mêmes chances et à quel point nous sommes privilégiés de vivre dans une nation où même le plus pauvre est plus riche que là-bas et surtout plus protégé. Je dirais que la plupart des apprentissages que j’ai fait se sont faits au niveau humain, bien plus que théorique.
Votre voyage a-t-il permis de faire une rencontre significative?
J’ai rencontré des gens remarquables et j’ai gardé un contact particulier avec une amie de là-bas. Mais surtout, j’ai créé des liens impérissables avec mes collègues et ma professeure avec qui j’étais partie. Ça fait maintenant 12 ans que j’ai fait mon premier voyage et je vois encore et toujours ma professeure (et maintenant amie) ainsi que les filles avec qui je suis partie et ladite amie de là-bas, au moins une fois par année pour un souper retrouvailles. Ces liens ne s’amenuisent pas, parce que ce que nous avons partagé est plus grand que nature, ça nous a soudées comme nous ne l’aurions jamais cru.
Avec votre expérience, est-ce que vous auriez un conseil à donner aux futurs participants?
Je conseille à n’importe qui qui lit ces lignes de sauter à pieds joints dans une telle aventure. Ce genre de voyage peut changer votre vie ou en tout cas votre vision de celle-ci. Ça ouvre les horizons et ça permet de se connaitre davantage. Ce type de voyage vous permet, dans un cadre sécuritaire (puisque supervisé), d’explorer et de vivre des choses que vous n’auriez peut-être pas osé faire seul. C’est l’occasion de faire un trip de gang dans un cadre d’apprentissage qui nous sort de notre zone de confort. C’est à faire absolument!
Votre périple a-t-il eu une retombée concrète dans votre vie?
Tellement! J’en ressors avec plusieurs amitiés solides et de longues durées. Ça a enlevé des peurs à plusieurs des filles qui étaient avec moi concernant les voyages. Ça m’a redonné de la confiance en moi et ça m’a montré que j’étais capable de voyager seule (sans mes parents, à l’époque c’était la première fois). J’ai par la suite fait le tour de l’Europe pack sac au dos avec une amie. Ce voyage m’a vraiment changée, parce que j’étais dans une étape cruciale (entre l’adolescence et l’âge adulte) un moment où on se cherche, où on se découvre et cette expérience a grandement contribué à ce que je me découvre plus rapidement. Ça m’a mis dans des situations où on n’a pas le choix de se rencontrer et d’en apprendre sur soi-même.
Voudriez-vous nous écrire quelques mots de votre parcours professionnel et personnel suite à votre passage au Collège Montmorency?
Suite à ma technique d’éducation à l’enfance, j’ai continué mes études à l’université. J’ai complété un baccalauréat en psychologie à l’UQAM et je complète présentement mon doctorat, en psychologie également, pour devenir psychologue spécialisée en enfance. Pendant tout mon parcours universitaire, j’ai travaillé comme éducatrice à l’enfance dans un CPE ce qui m’a permis de payer mes études et de travailler moins d’heures par semaine que beaucoup de gens puisque j’étais payé plus que le salaire minimum. Ce sont les cours de psychologie durant ma technique qui m’ont donné envie de continuer dans cette voie. Aujourd’hui je peux dire que je suis très fière du chemin parcouru et que je ne regrette aucune des étapes que j’ai traversées.